Chaque jour, en France, des milliers de travailleurs sont victimes d’accidents de travail, de trajets ou de maladies professionnelles souvent sous-estimées.
Ici, les chiffres sont abordés purement sous l’angle statistique, mais gardons à l’esprit que l’on parle d’individus. Et pourtant, les chiffres sont alarmants, et les conséquences humaines et économiques sont colossales. Ce fléau silencieux mérite une attention immédiate.
Table
Des STATISTIQUES Accablantes des accidents de travail
Loin d’être anodins, les statistiques accidents de travail frappent durement le monde professionnel.
En 2023, la France a enregistré 717 719 accidents de travail, dont 759 mortels et 33 766 salariés ont eu des séquelles (IPP), toujours plus qu’en 2022.
Les coûts directs sont estimés à 4 800 euros par accident, avec des répercussions indirectes : absence de salariés, incapacité au travail, perte de productivité, dégradation de l’image de l’entreprise, difficulté à recruter, hausse des cotisations… multipliant par 3 voire 5 fois les coûts directs.
Les secteurs les plus touchés :
- Le BTP ;
- La logistique ;
- L’industrie.
Danger quotidien sous-estimé, accident de trajet
Les accidents de trajet, souvent exclus des statistiques communiquées représentent 127 310 accidents de trajet reconnus et indemnisés dont 5 880 salariés ont eu des séquelles (IPP), une part non négligeable avec 332 décès en 2023.
Se rendre au travail fait partie de l’activité quasi quotidienne des salariés, pourtant peu d’entreprises analysent les accidents de trajet et très peu les intègrent dans leurs DUERP.
Ce risque est majoré par la fatigue (ex : travail en 12h), le stress, et parfois avec un trafic chargé.
Maladies professionnelles : une sous-déclaration alarmante
Les statistiques font état de 68 546 maladies professionnelles reconnus et indemnisés dont 23 367 salariés ont eu des séquelles (IPP), soit 1 maladie professionnelle sur 3, entrainent des séquelles sur les salariés. Ces séquelles peuvent aller jusqu’à des inaptitudes professionnelles et des licenciements. Et 196 salariés décèdes des suites d’une maladie professionnelle.
Les maladies les plus reconnus en 2023 :
– troubles musculosquelettiques TMS avec 41 937 MP soit + 3 651 (+9,5 %)
– Hors tableaux dont cancers : 2 346 MP soit + 282 (+13,7%)
Les données statistiques révèlent une augmentation des reconnaissances de maladies professionnelles (hors tableau) qui concernent
– soit 1 630 les affections psychiques, Troubles mentaux et du comportement (soit 215 MP de plus qu’en 2022) ;
– soit 313 maladies du système ostéoarticulaire (45 MP de plus en 2023).
Et pourtant les TMS explosent car il est estimé entre 50 et 75 % des cas qui ne sont jamais déclarés. La déclaration doit être faite par le salarié ce qui peut compliquer la demande par peur de perdre son emploi, par méconnaissance et complexité des démarches.
L’Anses préconise des recommandations et notamment concernant certaines maladies ayant un lien avéré ou probable avec une exposition professionnelle ne faisant pas l’objet d’un tableau de maladie professionnelle.
Ces maladies sont identifiées par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) et par l’Anses, ou dans les listes des pathologies indemnisables au titre de maladie professionnelle dans les autres pays européens. Elle recommande une réflexion afin d’évaluer la possibilité d’inclure ces maladies sur les priorités de travail des commissions de maladies professionnelles, afin d’aboutir à la création de nouveaux tableaux de maladies professionnelles.
Pourquoi les entreprises doivent agir maintenant
- 1 287 salariés décèdes au travail
- 717 719 accidents de travail reconnus et indemnisés dont 33 766 salariés ont eu des séquelles (IPP)
- 127 310 accidents de trajet reconnus et indemnisés dont 5 880 salariés ont eu des séquelles (IPP)
- 68 546 maladies professionnelles reconnus et indemnisés dont 23 367 salariés ont eu des séquelles (IPP)
L’impact humain étant le principal enjeu. Investir dans la prévention est donc une nécessité.
Des solutions existent :
✅ La direction doit s’engager en prévention avec des démarches ambitieuses, associées à des compétences, des temps alloués et des moyens
✅ Evaluer les risques afin d’agir directement sur les situations de travail exposante
✅ Agir sur les dangers, les risques, les expositions
✅ Analyser les accidents de travail, de trajet, les maladies professionnelles pour comprendre pour agir
✅ Impliquer l’ensemble des acteurs concernés (encadrement, salariés, élus, RH…)
✅ Former les salariés aux risques professionnels auxquels ils sont exposés et à comment protéger leur santé
Les entreprises doivent prendre conscience qu’au-delà du respect des normes, leur engagement dans la sécurité est le levier garantissant des résultats durables.
De plus, les conséquences financières sont lourdes pour les entreprises et désorganisent le travail ce qui le rend encore plus à risque.
Un combat à mener collectivement
Dépassons les effets d’annonce et spot télévisé, radio, réseaux sociaux pour sensibiliser aux accidents de travail, : la sinistralité au travail doit rester un enjeu majeur de société.
En avril 2022, d’après la Confédération européenne des syndicats (CES) qui a publié. Seul la France et l’Espagne de l’UE27, n’atteindront pas l’objectif du zéro accident de travail en 2030.
Il est urgent que les pouvoirs publics, les entreprises et les salariés unissent leurs efforts pour renverser la tendance.
Les chiffres ne doivent plus être de simples statistiques, ils doivent servir à prendre conscience, d’où l’importance d’en disposer le plus tôt possible pour réagir rapidement.
Prévenir aujourd’hui, c’est protéger demain

