Impacts de la sédentarité sur la santé

par | Fév 2, 2025 | Méthodologie de prévention, Approfondissement

Le développement des activités tertiaires font que de plus en plus de salariés sont exposés aux risqués liés aux postures sédentaires au travail.

A long terme, cette exposition peut entraîner des problèmes sur la santé des salariés. Il est important de ne pas minimiser les impacts de la sédentarité car les durées d’exposition augmentent et il est essentiel de mettre en place des mesures de prévention pour préserver leur santé.

La sédentarité, c’est quoi ?

La sédentarité correspond aux postures maintenues dans le temps associée à une très faible dépense énergétique. C’est l’ininterruption des tâches sur une journée de travail, l’inactivité physique. La notion de dépense énergétique dépend de l’activité.

Depuis le développement du télétravail, les salariés passent 1h de plus par jour en activité professionnelle sédentaire (soit 7h/9h)

Quelques repères pour comprendre pour 30 mn :

  • Dormir = 30Kcal
  • Assis = 35kcal
  • Debout = 65 Kcal
  • Activité assis avec une activité d’assemblage = 80 Kcal
  • Marcher = 116 Kcal
  • Faire du vélo = 140 Kcal
  • Travailler sur chantier = 120 Kcal
  • Activité avec port de charge = 650 Kcal

L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) recommande :

  • au moins 2h30 à 5 heures par semaine, d’une activité d’endurance d’intensité modérée ;
  • ou pratiquer au moins 1h15 à 2h30 d’activité d’endurance d’intensité soutenue ;
  • ou une combinaison équivalente d’activités d’intensité modérée et soutenue tout au long de la semaine ;
  • Pratiquer des activités de renforcement musculaire d’intensité modérée ou plus soutenue ;
  • De limiter leur temps de sédentarité. Remplacer la sédentarité par une activité physique de tout niveau d’intensité (y compris de faible intensité),
  • De contribuer à réduire les effets néfastes pour la santé d’un niveau de sédentarité élevé, les adultes devraient viser à dépasser les niveaux recommandés d’activité physique d’intensité modérée à soutenue.

Sédentarité, postures sédentaires prolongés produisent :

effets sur la santé des postures sédentaires

C’est un enjeu de la prévention, un réel enjeu de santé.

De nombreuses activités professionnelles sont concernés : les agents administratifs, les chauffeurs routiers, les participants aux réunions, les téléconseillers, les hôtes d’accueil, informaticien…

Comment prévenir les impacts ?

Pour réduire les impacts sur la santé, il faut agir en prévention en associant des mesures organisationnelles, mesures techniques et mesures humaines. La prévention doit prendre en compte :

  • la durée de l’exposition (journalière),
  • les postures sédentaires et les ininterruptions,
  • les dépenses énergétiques.

Il n’y a pas de « bonnes » et de « mauvaises » postures !

Des chercheurs de l’université de Sydney et du CHU d’Amsterdam ont découvert que bien que la position assise prolongée est un facteur de risque de maladies cardiovasculaires, la position debout immobile présente des atteintes à la santé : troubles circulatoires comme des varices ou une hypotension orthostatique.

En étudiant les habitudes de 83 000 adultes, se tenir debout longtemps augmente les troubles circulatoires. Les experts suggèrent de varier les positions : 30 % debout, 60 % assis, et 10 % de marche ou de mouvement pour une meilleure santé. L’EU-Osha recommande d‘éviter de rester debout statique plus d’une heure consécutive et de ne pas dépasser quatre heures par jour. (paru de la revue Actuel HSE, 10/12/2024)

1. Evaluer les risques

Comme pour tous les autres risques, il faut évaluer la sédentarité et les inclure dans le DUERP, cela consister à analyser les situations de travail y compris en télétravail : observer, écouter, questionner et impliquer les salariés. Si besoin, les analyses pourront être complétées par des données chiffrées : bruit, éclairage, hauteur des postes, membres sollicités.

Identifier les tâches pouvant être réalisées : debout, assis, en activité, et prévoir l’alternance des tâches.

2. Organisation du travail

Il faut organiser le travail afin d’interrompre le plus fréquemment les postures sédentaires, idéalement toutes les 45 minutes, et de limiter la durée cumulée au maximum à 5 heures par jour. L’organisation et l’aménagement des postes de travail permettent d’agir.

Les actions de prévention doivent être pensées dès la conception des situations de travail et il faut tout de même travailler les situations de travail existantes pour tendre à les améliorer.

Les espaces de travail doivent offrir la possibilité aux salariés de changer facilement.

  • pour inciter à marcher, installer les imprimantes dans une salle dédiée dans le service, en même temps vous réduirez le bruit,
  • créer une pièce équipée de mobilier dynamique : ergocycle, tapis de marche, siège ballon,
  • prévoir des espaces de travail collectif avec des bureaux haut pour travailler debout (type bar),
  • équiper les espaces de pauses de mobilier permettant de varier les postures.

Cela passe également par le mobilier, travailler les éléments dans l’ordre proposée :

* Le bureau

L’orienter toujours perpendiculaire aux fenêtres pour éviter les reflets sur l’écran. Idéalement installer des bureaux à hauteur variable permettant l’alternance du travail assis et du travail debout.

* La chaise

Une chaise n’est jamais ergonomique ! ni aucun matériel d’ailleurs.

L’ergonomie est une science qui vise à améliorer les conditions de travail en les adaptant aux besoins et aux capacités des salariés.

Rien de justifie un prix supérieur pour ne pas dire exorbitant, juste avec la « mention ergonomique« 

Les critères à prendre en compte :

  • avec un support lombaire qui permet de conserver la courbure naturelle et un dossier inclinable,
  • avec une assise réglable en hauteur, voir en profondeur,
  • des accoudoirs réglables en hauteur, voir réglable latéralement,
  • avec un appuie-tête,
  • facilement nettoyable, élimine la sueur, permet l’air de circuler (ex : chaise en maille nylon),
  • sur roulette.

Une chaise avec toutes ces caractéristiques vaut moins de 200€.

Vous avez compris, à chaque renouvellement de matériel, définir un cahier des charges.

  • Limiter les postures assises, permettre des réunions debout ou de manière active (marche, vélo, ballon, selle, tabouret…).
  • alternance du travail sur écran : posture assise, debout ou dynamique avec du matériel adapté,
  • permettre des pauses actives et régulières, se mettre debout, marcher, monter les escaliers, s’étirer, faire de l’éveil musculaire, solliciter les membres inactifs.

* Ecran / souris / clavier

Le haut de l’écran doit être à la hauteur des yeux sauf pour les porteurs de lunettes progressives.

Attention à la multiplication des écrans, qui entrainent une hyper-sollicitation cognitive.

Concernant le clavier et la souris, idéalement choisir des équipements déportés, qu’on peut faire bouger (approcher ou reculer). La souris verticale ou le pointeur central peuvent offrir un certain confort en fonction des tâches réalisées. Il est important que les mains soient toujours en appui sur une surface.

* Si utilisation de documents papiers

Un support vertical situé entre le clavier et l’écran est indispensable pour réduire les mouvements de cervicales.

* Eclairage, source de lumière

Privilégier la lumière naturelle, et les possibilités d’évader le regard au loin plusieurs fois / heure. S’assurer que la qualité de la lumière artificielle corresponde aux tâches à effectuées.

* Activité avec téléphone

Utiliser des casques, avec micro si besoin. Avoir des zones où on n’a pas de besoin de casque, par exemple : privilégier certaines activités en télétravail.

3. Faire des pauses

Les pauses régulières permettent de casser l’activité sédentaire, elles sont essentielles, il faut en profiter pour varier les postures, se mettre debout, aller marcher, s’étirer, faire quelques mouvements physiques…

Il s’agit de stimuler la circulation sanguine et réduire la tension musculaire.

4. Informer et former

« pliez les genoux » – « garder le dos droit » – « utilisez vos cuisses »…

en finir avec les formations Gestes et Postures, où on tente de modifier l’individu et de l’adapter à sa situation de travail !!!!

Comme tous les risques, l’employeur a l’obligation d’informer les salariés des risques auxquels ils sont exposés et des atteintes possibles à leur santé.

Une formation doit également être faite sur les mesures de prévention choisies et le mobilier mis à disposition.

5. Travail assis

Il ne s’agit pas de bannir le travail assis mais bien d’avoir la possibilité de varier les postures de travail tant sur la durée de l’exposition, les postures sédentaires et les ininterruptions et les dépenses énergétiques. L’efficacité est dans l’alternance entre différentes postures.

6. Activités physiques

* Pause active au bureau

Durant 3 mn, faire des mouvements musculaires, adaptés aux tâches, c’est à dire qu’on va faire travailler les muscles qu’on ne sollicite pas durant la tâche habituelle. L’évaluation des risques doit définir les mouvements à réaliser.

* Eveil musculaire

Durant 5 mn, faire des mouvements musculaires (10 mouvements différents) pour réveiller les capteurs corporels, il doit faire sens pour les salariés, il faut qu’il comprenne l’utilité.

L’éveil musculaire peut être de réaliser des tâches différentes au démarrage de la journée de travail, par exemple : entretien machines, rangement, nettoyage… Les salariés sont payés pour réaliser une tâche, pas pour faire de l’éveil musculaire.

* Activité physique

Un salarié qui pratique une activité physique régulière à titre personnel, s’il occupe un travail avec des postures sédentaires, il perd tous les bénéfices de la pratique car ça ne suffit pas à compenser les atteintes sur la santé.

* Fatigue visuelle

Faire des exercices oculaires (mouvements avec les yeux et les paupières), s’hydrater et porter des lunettes si besoin.

Conclusion

Il est dont essentiel de prévenir les risques liés aux postures sédentaires, à la sédentarité et de conduire des actions de prévention, sans attendre les plaintes des salariés. Comme dans toute démarche de prévention, c’est le travail sur tous ces paramètres qui permettra d’obtenir des résultats.

C’est un investissement sur le futur qui satisfait l’amélioration des conditions de travail, la réduction des douleurs, la réduction des absences, la performance de l’entreprise…

Avoir une posture dynamique, il faut bouger !

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