Même si on associe les risques liés au travail en hauteur au secteur du BTP, il ne faut pas obligé que d’autres secteurs d’activité peuvent être concernés (ex : opérations de mise en rayon, monter et descendre d’engin, se déplacer dans un escalier, travailler sur un quai…). Cet article fait suite à la partie 1.
Table
Quand je parle de prévention des risques liés au travail en hauteur, je parle bien sûr d’organisation du travail, d’évaluation des risques, de protection collective.
Pour mettre en place de la protection individuelle, vous n’avez pas besoin de moi.
Ici, je parle de véritable prévention : efficace, durable.
1. L’importance de la Prévention
La prévention risques liés au travail en hauteur n’est une option, la hauteur reste la 1ère cause des morts au travail.
Les conséquences pour les salariés étant dramatiques, c’est une nécessité de les prévenir, impactant également les enjeux économiques et juridiques des entreprises.
Commencer par repérer les situations de travail exposant les salariés au travail en hauteur, je vous rappelle que le travail en hauteur se définit par un dénivelé soit une marche.
Ensuite, il s’agit d’évaluer les situations de travail exposant les salariés aux risques liés au travail en hauteur. Évaluer pour proposer des solutions et les mettre en œuvre afin de permettre de supprimer ou de réduire les expositions aux risques.
Tous les postes de travail concernés par le travail en hauteur doivent être évaluer, y compris ceux qui ne concernent que des situations occasionnelles. Elles doivent également comprendre l’examen des conditions d’accès aux postes.
La démarche de prévention des risques liés au travail en hauteur doit être conduite :
- dès la conception des locaux, d’un ouvrage ou d’un équipement de travail ;
- dès l’apparition d’un nouveau poste de travail ;
- lors des opérations d’entretien et de maintenance.
Prendre toutes dispositions pour éviter les risques liés au travail hauteur, quelle qu’en soit les dénivelées, garantissant de protéger tous les salariés amenés à intervenir sur les planchers des ouvrages en cours de travaux, y compris pour poser et déposer les dispositifs de protection.
Par exemple :
Lors d’un nouveau marché d’un chantier, évaluer en amont toutes les situations où potentiellement il va y avoir des salariés travaillant en hauteur, avec un dénivelé. L’évaluation porte sur les opérations, mais également l’état du chantier, les accès (dénivelés et hauteur), les circulations. Il va s’agir de définir les moyens de prévention pour chacune des situations. S’assurer de leurs mises en application, réajuster les mesures si besoin toute la durée du chantier.
Comme pour toute démarche de prévention des risques, l’implication des différents acteurs (concepteurs, maîtres d’ouvrage, fabricants d’équipements, les salariés…) permet d’obtenir de meilleur résultat avec des solutions concrètes et adaptées aux situations.
Les solutions s’appuient sur les 9 Principes généraux de prévention conformément à l’Article L4121-2 :
- Éviter les risques.
- Évaluer les risques qui ne peuvent pas être évités.
- Combattre les risques à la source.
- Adapter le travail à l’homme.
- Tenir compte de l’évolution de la technique.
- Remplacer ce qui est dangereux par ce qui n’est pas dangereux ou par ce qui est moins dangereux.
- Planifier la prévention.
- Prendre des mesures de protection collective en leur donnant la priorité sur les mesures de protection individuelle.
- Donner les instructions appropriées aux travailleurs.
Il s’applique dans l’ordre où ils sont écrits, ils s’utilisent de manière complémentaire.
2. Concrètement quelles actions de prévention
2.1 Organisation du Chantier
- Planification :
- Avant d’intervenir, préparer le travail à réaliser,
- Vérifier l’état des matériaux avant intervention, notamment la résistance
- Programmer l’enchaînement des opérations, afin de voir les interférences entre les opérations et les impacts (ex : la pose de tuyaux climatisation, arrivées d’eaux et le moment où l’isolation doit se faire)
- Désigner le plus tôt possible le coordonnateur SPS
- Prévoir dans le PGC (Plan Général de Coordination) les moyens de protection contre les risques liés au travail en hauteur, il est élaboré par le constructeur de l’opération assurant la mission de coordination SPS de conception. Ce document est à élaborer le plus tôt possible, au plus tard avant l’obtention du permis de construire.
- S’assurer qu’ils soient bien retranscrit dans les CCTP
Par exemple :
- Il est impératif d’avoir la totalité des plans avant le démarrage du chantier, ils sont nécessaires à la prévention afin d’évaluer les risques et les besoins du chantier.
- Désigner le Coordonnateur SPS au plus tard au démarrage de l’Avant-Projet Sommaire (APS) afin de l’associer dans les choix organisationnels du projet en relation avec la santé et la sécurité ; pour estimer le volume de la mission (nombre d’heures et de visite), la Norme NF P 99-600 peut vous aider.
2.2 Suppression des risques
- Supprimer le travail en hauteur
- Utiliser des drones pour faire du repérage de fuites, chiffrage de travaux…
- Monter la charpente au sol et monter l’ensemble avec une grue
- supprimer toutes les opérations, même brève exposant les salariés au travail en hauteur (ex : stockage des archives sur une mezzanine,
Par exemple :
Prévoir des aires de stockage suffisamment grande afin de ne pas devoir stocker sur les cabanes de chantier et du coup les salariés ne seront plus amenés à monter sur les cabanes
2.3 Circulation et périphérie
La totalité du chantier doit être carrossable, pour assurer des déplacements piétons sécurisés en mettant en place un remblai périphériques stabilisés sur la totalité du chantier y compris les aires de stockage (ce qui permettra l’accès et l’installation d’échafaudage de pied).
Les seuils d’accès au bâtiment ou à défaut installer des passerelles sécurisées par des garde-corps constitués de lisse, sous-lisse et plinthe. La largeur et la résistance sont adaptées à la circulation envisagée.
Prévoir des aires de stockage et les délimiter.
2.4 Utilisation d’Équipements de Protection Collective
- Favoriser les échafaudages fixe, continu : il faut bien évidemment être conformes aux règles de montage et de démontage, pour être en sécurité durant l’ensemble des opérations.
- Pose de garde-corps, idéalement poser le plus tôt possible les garde-corps définitifs, sinon poser des garde-corps temporaires
- Installer des barrières écluses sur les mezzanine, permet la pose et dépose de marchandises toujours en sécurité
- Installer des tours d’accès pour accéder aux ouvrages, accès aux étages par l’intérieur de l’échafaudage
Par exemple :
- Installer des tours d’échafaudage escaliers ou escaliers métalliques provisoires jusqu’à l’exécution des escaliers définitifs. Adaptés aux contraintes du bâtiment (ex : accès en toiture depuis les acrotères).
- Prévoir dès que possible, la mise en œuvre de l’escalier définitif avec les garde-corps
- Prévoir des garde-corps constitués au moins d’une lisse à 1,10 m au-dessus du plancher, d’une plinthe de butée de 10 à 15 cm et d’une lisse intermédiaire à mi-hauteur. Les garde-corps et plinthes seront mis en place sur chaque côté accessible de l’ouverture et solidement fixés.
- Ne pas oublier de protéger : les descentes de tuyaux, de gaine, les trémies, cage d’escalier, cage d’ascenseur, vide sanitaire, fenêtres, ouvertures sur le vide (balcon, porte, baie vitrée).
2.5 Équipements de Levage et d’Accès
- Favoriser l’utilisation des nacelles et PEMP (Plateformes Élévatrices Mobiles de Personnes) : elles permettent d’accéder en toute sécurité aux zones élevées. Ils doivent être utilisés par des opérateurs formés et compétents.
- Lorsque c’est possible utiliser des PIRL (Plates-formes Individuelles Roulantes) avec les équipements de protection (garde-corps, stabilisateur) : elles doivent être choisies en fonction des tâches à exécuter. Les dispositifs tels que les PIRL et les échafaudages doivent être vérifiés au moins une fois par an, et après toute modification ou incident.
- Utiliser les échelles comme moyen d’accès, elles doivent dépasser d’1 mètre la surface du sol d’accès et être attachées.
Par exemple :
Protéger les zones d’approvisionnement (réception et évacuation des matériaux) au moyen de protections collectives périphériques (garde-corps fixes en cas d’approvisionnement par une grue à tour, barrière écluse pour les grues auxiliaires, recette à matériaux avec garde-corps fixe…).
2.6 Sensibilisation et Formation
Expliquer les modes opératoires et les mesures de prévention spécifique au chantier, à tous les salariés exposés aux risques liés au travail en hauteur.
Des formations régulières doivent être organisées pour garantir que tous les employés comprennent l’importance des mesures de sécurité et savent comment utiliser correctement les équipements de protection.
Par exemple :
- Désigner un référent sécurité sur le chantier à qui les salariés peuvent poser les questions opérationnelles en cas de doute
- Faire des brief sécurité quotidien avant le démarrage des opérations chaque matin, où sont revus toutes les opérations de la journée, les points de vigilance, les mesures de prévention associées.
2.7 Évaluation Continue
Il est essentiel de procéder à des évaluations régulières pour ne pas dire continues des risques.
Tenir compte des évolutions techniques et réglementaires
Conclusion
La prévention des risques liés au travail hauteur quelques soit le secteur nécessite une évaluation soignée et approfondie.
Les entreprises doivent veiller à réduire autant que possible les expositions (= action sur la fréquence), sur les dangers (= action sur la gravité).
La sécurité doit être au cœur des préoccupations pour avancer vers un environnement de travail plus sûr et plus productif.

