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Risque routier, La prévention des risques liés aux déplacements routiers : un enjeu crucial pour les entreprises
Les déplacements routiers et les risques routiers font partie intégrante du quotidien de nombreux travailleurs, qu’il s’agisse de trajets domicile-travail, de déplacements professionnels en missions.
Les accidents de travail ou de trajet ayant la route comme origine représentent une part significative, avec des conséquences pouvant être dramatiques pour les salariés et des coûts considérables pour les entreprises.
Face à ce constat, faire de la prévention devient une priorité absolue pour les employeurs, pour rappel l’article L4121-2 du Code du travail, impose de prendre les mesures nécessaires pour assurer la sécurité et protéger la santé physique et mentale des salariés.
Le risque routier comme n’importe quel autre risque, il est indispensable d’évaluer les risques routiers, de mener une analyse rigoureuse des risques autant pour les trajets professionnels que pour les trajets pour aller et venir au travail, et bien sûr de mettre en place des actions concrètes pour les prévenir et de former les salariés à ces mesures.
1. Évaluer les risques liés aux déplacements routiers
La première étape de toute démarche de prévention consiste à évaluer les risques.
Pour les déplacements routiers, cela implique de prendre en compte plusieurs facteurs :
- le moyen de transport
- la fréquence des déplacements,
- la durée des trajets,
- les conditions de conduite (météo, état des routes, etc.),
- le type de véhicule utilisé et les équipements,
- la durée totale du travail : trajets compris,
- les planning hebdomadaire et mensuel
- …
Par exemple, un salarié qui effectue des trajets sur des routes nationales ou départementales est plus en danger qu’un salarié qui fait principalement des trajets sur autoroute, 10 % des accidents mortels ont lieu sur autoroute.
Faire de la prévention routière serait de mettre les autoroutes gratuites puisque c’est plus sécuritaire.
Exemple pratique : Une entreprise de logistique a réalisé une analyse des risques routiers et des accidents survenus lors de déplacements professionnels et elle a constaté que la plupart se produisaient sur des trajets longue distance effectués de nuit. À partir de cette observation, elle a décidé de réorganiser les horaires de travail pour éviter au maximum les conduites nocturnes et elle a revu ces plannings de temps de conduite sur un mois, afin de prendre en compte la fatigue.
Pour rappel, la 2de cause d’accident sur la route, est la FATIGUE, pas la vitesse. La prise d’alcool, de drogues et de médicaments peuvent servir à dépasser la fatigue (physique et/ou mentale).
2. Organiser le travail
Une fois les dangers identifiés, il est essentiel d’organiser le travail pour réduire l’impact sur la santé des salariés.
Cela peut passer par la réorganisation des horaires pour limiter les trajets aux heures les plus sûres (éviter les trajets de nuit ou aux heures de pointe), réduire les distances parcourues, inciter à utiliser des moyens de transport alternatifs comme le covoiturage ou les transports en commun, privilégier d’autres modes de contact que physique quand c’est possible, inclure les temps de trajets comme temps de travail
Exemple pratique : Dans une entreprise de services où les salariés sont souvent en déplacement, une mesure a été mise en place pour privilégier les réunions en visioconférence plutôt que de multiplier les trajets interurbains. Cette initiative a permis de réduire significativement les risques d’accidents, tout en optimisant le temps de travail des salariés et en réduisant la fatigue.
Exemple pratique : Dans une grande université, une salariée se fait une entorse lors de son trajet retour à son domicile, l’entreprise analyse l’accident, elle fait le constat suivant , la salariée débauche à 17h30, elle a 25mn pour aller à la gare et son train part à 18h. Si elle rate ce train, le prochain est à 19h. Du coup, elle se presse, pour tenter de l’avoir. L’entreprise a proposé à tous les salariés concernaient par la même situation, de travailler 15mn de plus entre midi et 14h, et de terminer 15mn plus tôt.
3. Adapter et entretenir les véhicules de l’entreprise
Le choix des véhicules et leur entretien régulier sont également des aspects cruciaux de la prévention des risques routiers. Les déplacements à pied et en 2 roues sont plus accidentogènes qu’en véhicule léger.
Il est important de s’assurer que les véhicules utilisés par les salariés sont en bon état, adaptés à l’usage qui en est fait, et équipés de dispositifs de sécurité modernes (freinage d’urgence, contrôle de stabilité, Bluetooth etc.).
Exemple pratique : Une entreprise ayant une flotte de véhicules utilitaires a mis en place un programme de maintenance préventive.
Chaque véhicule est inspecté mensuellement par le responsable de la flotte selon un planning, une aire de « petits entretiens » (lave-glace, contrôles de la pression, contrôle de l’état de pneus, contrôle des niveaux) est à disposition. Des remplacements anticipés sont effectués pour les pièces d’usure.
Un carnet de suivi est en place : il permet de suivre l’entretien mais aussi les attestations d’assurances, les éventuels dégâts, les dates de contrôles techniques.
Exemple pratique : Une entreprise ayant une flotte de véhicules pour ces commerciaux, les commerciaux transportent régulièrement des caissons en plastique allant de 1,2m à 2m, les commerciaux rayonnent dans toute la France et font en moyenne 50000km. Lors du renouvellement de la flotte, l’entreprise choisit des « petites citadines électriques », les commerciaux alertent le CSE, l’employeur n’a rien voulu savoir, les commerciaux n’arrivent plus à exercer leur travail, l’entreprise va à sa perte.
4. Former et sensibiliser les salariés aux mesures de prévention
Sensibiliser les salariés aux dangers de la route, leur expliquer l’importance du respect des organisations du travail définis, des mesures techniques, leurs donner le temps de les appliquer sont autant d’actions qui peuvent faire la différence.
Exemple pratique : Une entreprise du secteur de la construction a mis en place des sessions de formation spécifiques pour ses équipes itinérantes. Ces formations incluaient des simulations de conduite en situation dangereuse, des ateliers sur la gestion du stress au volant, et des rappels réguliers sur les bonnes pratiques de conduite. Résultat : une baisse notable des accidents de la route au sein de l’entreprise.
Cela passe par la communication régulière sur les difficultés, les changements, les travaux, et l’implication de tous les niveaux hiérarchiques notamment dans la ligne managériale qui doit permettre aux salariés de respecter les mesures de prévention.
Conclusion
La prévention des risques professionnels liés aux déplacements routiers est un enjeu de taille pour les employeurs, qui doivent s’assurer que leurs salariés évoluent dans un environnement sécurisé, y compris sur la route.
En appliquant les principes de l’article L4121-2 du Code du travail et en mettant en place des mesures de prévention adaptées, il est possible d’agir.
Les exemples pratiques montrent que des actions simples, mais réfléchies, peuvent avoir un impact réel sur la prévention des risques liés aux déplacements routiers, tout en améliorant les conditions de travail des salariés.

