Je vous partage mon expérience du management intégré des domaines : Qualité, Sécurité, Environnement (QSE), une aventure qui a transformé non seulement mon entreprise, mais aussi ma vision du rôle de la sécurité au travail.
J’ai appris que le management intégré n’est pas seulement une question de conformité aux normes, mais une véritable philosophie qui place l’humain au cœur de l’organisation.
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Qualité : un pilier indispensable
Tout a commencé lorsque j’ai pris les rênes de la qualité dans une industrie agroalimentaire. Qui dit qualité dit évidemment hygiène dans ce type d’industrie.
La qualité est devenue indispensable dans les entreprises ces 20 dernières années.
Elle permet de structurer et d’organiser l’entreprise : les processus, les analyses de risques, les modes opératoires sont un vrai plus. Une fois en place, les audits sont validés.
Environnement : c’est tendance
L’environnement est devenu une mission incontournable, la pression étant mise sur les entreprises pour qu’elles montrent qu’elles agissent sur ce sujet. Dans notre établissement, classé sous déclaration et autorisation, je réalise des études d’impact, des évaluations des risques environnementaux, la gestion et la valorisation des déchets. J’ai commencé une veille réglementaire et j’ai fait l’inventaire des obligations en qualité et environnement. Les processus évoluent, une organisation se met en place, et l’entreprise se structure.
Mais très vite, je me suis rendu compte que, bien que nous produisions des produits de qualité et respectueux de l’environnement, mais la sécurité n’était pas toujours au rendez-vous.
Notre entreprise, étant un abattoir de gros bétail, était régulièrement confrontée à des incidents, des accidents, des maladies professionnelles qui ont été des déclencheurs de ma prise de conscience.
Un jour, un salarié s’est gravement blessé en tombant dans une machine. Ce jour-là, en voyant les secours et en arrêtant le travail car l’équipe était traumatisée, il était clair que nous devions changer notre approche et agir.
Sécurité : une nécessité urgente
Bien que l’on dise QSE, la sécurité vient toujours après la qualité et l’environnement. C’est la dernière roue du carrosse !
Pour débuter, j’ai commencé par me former à l’évaluation des risques auprès de la CARSAT locale, puis j’ai entamé une évaluation approfondie des risques dans l’entreprise.
Je me souviens avoir parcouru chaque recoin de l’usine, discuté avec les employés, leur demandant où ils se sentaient en danger, quelles étaient leurs craintes. J’ai découvert des dangers auxquels je n’avais jamais prêté attention : une machine dangereuse ici, des produits chimiques en grande quantité là.
Je connaissais déjà tous ces points, les ayant abordés sous l’angle de la qualité et de l’environnement. À chaque instant, je découvrais des dangers. Comment avais-je pu passer à côté de ces dangers ? Simplement en regardant le travail sous un autre angle.
Nous avons mis en place le Document Unique d’Evaluation des Risques Professionnels (DUERP) et des mesures de prévention adaptées.
Par exemple, nous avons limité les équipements de protection individuelle (EPI) à la stricte nécessité, formé les salariés aux risques, réalisé de nombreux travaux sur les équipements de travail, revu les processus, réorganisé le travail et les horaires, et créé un livret d’accueil. Étant déjà très proches des salariés, comme c’est souvent le cas dans des métiers difficiles, le travail sur la sécurité a renforcé la relation de confiance que nous avions les uns avec les autres.
L’une des plus grandes satisfactions est venue lorsque les salariés m’ont spontanément alerté dans l’usine pour me signaler les dysfonctionnements, les douleurs… J’en faisais une priorité et déployais rapidement des actions. Le simple fait qu’ils m’alertent régulièrement m’a confirmé que nous étions sur la bonne voie.
L’Engagement de tous : Clé de la réussite
Bien évidemment, l’engagement du directeur et le fait de me donner carte blanche pour mener à bien la démarche QSE sont des gages indispensables de réussite
Étant seule pour exercer les trois missions : qualité, sécurité et environnement, et ayant pris le poste d’adjointe de direction, j’ai décidé de m’appuyer sur les ressources disponibles, qui faisaient la force et la réussite de notre démarche.
J’ai personnellement formé les salariés aux trois missions. Je réalisais deux études de situations de travail par mois, puis je les transformais avant de mettre à jour notre DUERP.
Cela a eu un impact incroyable : tout le monde se mobilisait et comprenait les tenants et les aboutissants. Les salariés ont vu que le travail portait ses fruits, les conditions de travail s’amélioraient, et les salariés réticents s’engageaient. C’est un vrai travail du quotidien !
Nous avons fait passer un certificat de qualification professionnelle à tous les salariés afin de valoriser leurs compétences et leurs métiers.
Je me souviens encore d’une réunion où nous avons discuté des nouvelles procédures de sécurité. J’ai laissé la parole aux salariés : les idées fusaient, les questions étaient pertinentes.
C’est là que j’ai vraiment compris l’importance de leur donner une voix. Le groupe opérationnel est toujours plus fort qu’une personne qui réfléchit seule. J’ai ressenti une immense fierté en voyant les salariés s’approprier leur travail et prendre en main la sécurité à leur poste.
L’Intégration de la Sécurité dans le QSE : Un Cercle Vertueux
Je me suis plongée dans les principes du management intégré QSE, réalisant que la sécurité devait être au cœur de notre stratégie.
Il ne s’agissait pas seulement de respecter la réglementation, mais de protéger les salariés, que toute entreprise devrait considérer comme sa ressource la plus précieuse. J’ai donc décidé de repenser complètement notre système QSE.
J’ai regroupé les trois missions dans un seul outil, un plan d’action, repris la veille réglementaire et fait l’inventaire des obligations. Mon entreprise se retrouvait au confluent de 450 textes réglementaires.
Ce qui n’était au départ qu’une démarche qualité pour satisfaire un audit, afin qu’un de nos clients acquière un nouveau marché, est devenu un véritable système de management.
Toutes les procédures ont intégré les trois missions, chaque salarié a commencé à s’impliquer, continuant à signaler les dangers avant même qu’ils ne deviennent des problèmes. Les audits QSE n’étaient plus une difficulté, nous les abordions sereinement.
Pour être efficace, il était important de s’harmoniser dans une démarche intégrée.
Par exemple, en introduisant des pratiques plus respectueuses de l’environnement, nous avons également amélioré la sécurité sur le site. L’utilisation de produits chimiques moins toxiques a non seulement réduit notre impact environnemental, mais a aussi rendu l’environnement de travail plus sain et plus sûr. Les 5S ont permis de sécuriser l’usine, de trier les déchets, d’améliorer la qualité de nos processus.
Conclusion
Je suis fière d’avoir mis en place ce management intégré QSE, qui a fait grandir l’entreprise et bien plus encore. La route n’a pas été facile, mais en plaçant la sécurité au cœur de notre démarche QSE, nous avons non seulement protégé les salariés, mais aussi renforcé l’attractivité de notre métier.
Si je devais retenir une leçon de cette expérience, c’est que la sécurité n’est pas une contrainte, mais une opportunité. Une opportunité de créer un environnement de travail où chacun peut s’épanouir en toute sécurité, où les accidents sont réduits, et où la performance globale de l’entreprise s’en trouve améliorée.
Le management intégré QSE, avec la sécurité comme pierre angulaire, a transformé notre entreprise. Il a créé un collectif de travail soudé, volontaire, et attaché à l’entreprise.

