Du bureau au chantier : l’impact des échauffements au travail

par | Jan 9, 2024 | Comprendre les fondamentaux

Les préventeurs me sollicitent régulièrement par savoir « comment mettre en place des échauffements, étirements, renforcement musculaire » dans leur entreprise.

L’activité physique peut aider à prévenir les blessures musculaires, améliorer la circulation sanguine, favoriser la souplesse et contribue de manière générale à l’entretien du corps. Mais qu’en est-il des échauffements et plus particulièrement des échauffements en milieu professionnel.

Synthèse bibliographiques et données scientifiques

Rares sont les publications sur le sujet, je vous propose un tour d’horizon afin détailler mes propos.

Après toutes mes lectures, même si j’en étais intimement convaincue, les données montrent que les échauffements en milieu professionnel participent très modérément à la réduction des accidents de travail et la prévention des maladies professionnelles.

De plus, les échauffements musculaires sont contraires aux principes généraux de prévention, notamment au 4ème principe (L.4121-2) : adapter le travail à l’homme et également mentale difficilement compréhensible par les salariés qui sont payés pour un travail, l’échauffement ne faisant pas parti de leur contrat de travail.

L’échauffement musculaire agissant sur les salariés individuellement ne peuvent pas être considéré comme de la prévention primaire, dans le meilleur des cas c’est de la prévention secondaire, voire tertiaire (si présence de douleurs).

Dans le cadre de la mise en place d’un renforcement musculaire, il va falloir veiller à ne pas développer la force des salariés et que du coup, qu »ils en fassent plus et s’usent plus vite au travail.

De manière générale, il ressort qu’il est compliqué de programmer des exercices qui « garantissent » des résultats sur la santé (même en faisant intervenir des professionnels : coachs sportifs, kinésithérapeutes, ergothérapeutes, masseurs, médecin du travail, ostéopathe…) et qu’il est difficile de les maintenir dans le temps.

1er rappel :  » il incombe à chaque travailleur de prendre soin, en fonction de sa formation et selon ses possibilités, de sa santé et de sa sécurité ainsi que de celles des autres personnes concernées par ses actes ou ses omissions au travail ».

L’employeur doit mettre en place les moyens nécessaires (organisation du travail, technique, formation, information et matériel) pour garantir la santé et la sécurité au travail du salarié.

Pour garantir la santé et la sécurité du salarié, l’employeur doit évaluer les risques auxquels les salariés sont exposés. Les résultats de cette évaluation sont intégrés dans le DUERP.

https://prevpourtous.fr/duerp-evaluation-des-risques/

2d rappel : en France, il n’y a aucune obligation de se soigner. Les soins qui peuvent être pratiqués dans le cadre professionnel sont limités, ils doivent être réalisés par des personnes formés (ex : SST, PSC1, infirmier d’entreprise…).

Et pour finir, dans toutes les études que j’ai pu lire, aucune n’arrivent à démontrer que la pratique d’échauffement, d’éveil musculaire et d’exercices physiques, limite de l’apparition des troubles musculosquelettiques.

Alors que les actions de prévention (ex : aménagement de postes, équipements de moyens de manutentions, travail à plusieurs, polyvalence, organisation du travail…) ont de très bons résultats et sont pérennes dans le temps.

Dans tous les cas, si votre choix se porte sur la mise en place d’exercices d’échauffements, ils doivent s’intégrer dans votre démarche de prévention, ils peuvent s’inscrire comme mesures complémentaires à vos actions de prévention.

Au même titre que certaines formations apprennent l’analyse des situations de travail, les principes d’économie d’efforts et l’utilisation des aides techniques (ex : formation prévention des risques liés à l’activité physique PRAP).

Dans aucune des publications, un consensus n’est trouvé sur le choix des exercices y compris ceux proposés par des professionnels de santé.

De plus, chaque scientifique en propose des différents (échauffement actif, échauffement passif, étirement, renforcement musculaire…), on peut s’interroger sur la pertinence et l’efficacité du coup.

Cependant, le choix est laisser à l’employeur, c’est lui qui va devoir décider et faire des choix, toujours dans le respect de l’obligation de protéger dans santé physique et mentale des salariés.

Mais sur quoi se baser, pour définir :

  • quels exercices ;
  • quelles fréquences ;
  • quels postes de travail ;
  • quelles durées ;
  • à quelle moment de la journée ;
  • qui va animer l’activité ;
  • comment faire adhérer et participer les salariés ;

La question a vous poser :

La réponse :

Mais est-ce que la meilleure réponse ne serait pas :

L’objectif visé par l’échauffement est de passer d’une phase inactive à une phase active, qui a pour effet d’élever la température corporelle et des muscles qui vont être sollicités au poste de travail.

N’y aurait-il pas dans l’entreprise, des tâches nécessaires à l’entreprise qui permettrait d’atteindre cet objectif ? Cela permet aux salariés de se mettre en route en douceur et de réaliser un « vrai travail ».

Ça coûte 0€, il suffit juste d’organiser le travail.

Exemples : petits travaux d’entretien, de nettoyage, de maintenance, planification des commandes, rangement…

Les publications sont assez d’accord pour recommander :

• des durées d’exercices supérieure à 30 minutes par jour ;

• des programmes d’au moins 12 semaines consécutives ;

• avec une progression des exercices ;

• de plus, l’acceptation des participants est nécessaire.

La population qui obtient les meilleurs résultats sont les activités sédentaires et du tertiaire, ceux à qui on peut constater ces exercices sont rarement proposés en entreprise.

Par exemple :

Une publication se base sur des exercices d’étirement de 30 minutes / jour pratiqués pendant une période de un mois avec 12 exercices par une population de 469 pompiers professionnel, pratiqués durant 2 ans. Le groupe avec « étirement » a eu 48 blessures contre 52 pour le groupe « sans étirement ».

Il y a cependant une réduction des coûts relatif à ces blessures (réduction par 3 des coûts). On pourrait en déduire que les atteintes à la santé sont moins graves.

Mais, on peut s’interroger sur le choix de la population (plutôt sportive) et sur les données qui proviennent du ressenti des pompiers et non d’une évaluation scientifique.

En conclusion, les situations de travail qui impliquent des contraintes physiques ou posturales, doivent être analysées pour agir efficacement en prévention.

Les échauffements et les étirements ne présentent que très peu de résultats satisfaisants dans la réduction des atteintes à la santé mais peuvent venir en compléments des actions de prévention réalisées. Certaines publications précisent que les entreprises ressentent une amélioration dans les relations au travail, un renforcement de la cohésion d’équipe grâce à ces ateliers.

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