Les addictions au travail peuvent prendre de nombreuses formes, alcool, drogues, temps d’écrans …, elles sont un vrai problème d’actualité. Ces problématiques représentent un défi majeur pour les employeurs et les préventeurs. Il est donc essentiel pour les entreprises de mettre en place des mesures efficaces pour prévenir et traiter les addictions. Car elles affectent la santé des employés, et aussi la productivité et la sécurité au travail.
Voici un guide pratique pour aider les professionnels à gérer les addictions sur le lieu de travail.
Ce guide fournira des informations sur la façon de les gérer. Il aborde les signes de dépendance, comment en parler et comment agir en milieu professionnel.
Table
Étape 1 : Les addictions en milieu professionnel
Les addictions sont les conséquences de l’exposition des salariés aux 6 facteurs psychosociaux. Il est important de comprendre ce que sont les addictions en milieu professionnel, qu’il s’agisse :
- Alcool, tabac, médicaments psychotropes & drogues, boissons énergisantes, CBD
Mais aussi
- L’usage des technologies d’information et de communication, téléphone, mails, jeux, internet…
- Conduites addictives au travail, au sexe, au sport…
Comment on passe de la pratique… à l’addiction ?
- Usage (simple) : consommation occasionnelle ou régulière qui peut comporter des risques pour la santé (à moyen ou long terme)
- Abus (usage nocif) : consommation répétée préjudiciable pour la santé, sécurité, vie sociale et professionnelle
- Dépendance (addiction) : consommation répétée et non contrôlée – avec poursuite de consommation malgré des conséquences nocives (désir, difficulté de contrôle, désinvestissement social)
Pour vous aider : Fiche Usage des substances psychoactives : prévention en milieu professionnel par l’HAS.
Les effets recherchés par les consommateurs :
– apaiser des douleurs,
– favoriser le sommeil,
– diminuer le stress,
– réduire la consommation de cannabis ou autres dépendances.
Étape 2 : Repérer les signes d’une addiction
Avant toute action, il est crucial de reconnaître que l’addiction est une maladie qui peut toucher n’importe qui, indépendamment de son statut ou de sa fonction au sein de l’entreprise.
Quelques signes pour vous aider à repérer les signaux d’alerte :
- Baisse inexplicable de la productivité et des performances ;
- Absentéisme fréquent et non justifié ;
- Retards et pauses prolongées ;
- Troubles du comportement : irritabilité, agressivité, repli sur soi ;
- Difficultés relationnelles avec les collègues ;
- Odeur d’alcool ou comportement altéré ;
- Problèmes financiers ;
- Problèmes légaux ;
- Problèmes relationnels…
Les effets des substances et le risque de développer une addiction sont modulés par différents facteurs :
– liés aux produits (substances utilisées, quantités absorbées, fréquence et durée des consommations…),
Selon l’étude de l’OFDT, 1 adulte français sur 10 a consommé de la cocaïne en 2023
En moyenne, 10 % de la population active consomme du cannabis une fois dans l’année (données 2017)
6,4 % des travailleurs consomment quotidiennement de l’alcool
– facteurs individuels (héritabilité, facteurs psychologiques et familiaux, accidents de vie, perte d’emploi, harcèlement…)
– facteurs environnementaux (contexte social, culturel, travail…)
– facteurs de risques psychosociaux.
Il est essentiel d’être attentif dès les premiers signaux avant que le problème prenne de l’ampleur. La dépendance peut altérer le jugement, la productivité et les relations.
Il convient de mettre en œuvre des actions de prévention pour éviter le passage de l’usage régulier à la dépendance.
Étape 3 : osez en parler, intervenir !
1. En créant un environnement de travail favorable
C’est à dire un environnement sain, encourageant, où les salariés se sentent à l’aise pour demander de l’aide en cas de problème lié à une addiction.
Pour cela, il peut être mis en place des séances de sensibilisation sur les addictions en milieu professionnel, afin d’informer les employés des risques et des conséquences sur leur travail, la vigilance, leur santé, les relations au travail.
2. En ayant un engagement de la direction sur le sujet
Une politique de prévention des addictions doit être rédigée, elle doit être claire, cohérente, telles que des programmes de sensibilisation réguliers, des partages de pratiques (évacuer les situations de stress, tension dans les équipes, traitement des irritants du quotidien…), des campagnes de dépistage, des conduites à tenir en cas de détection, des sanctions. Cette politique doit définir les attentes de l’entreprise, ainsi que les procédures à suivre en cas de problème détecté.
Les 7 étapes clés pour réussir votre politique de prévention des conduites addictives
3. Afficher le programme d’aide aux salariés, victime d’addiction
Proposer un programme d’accompagnement des salariés qui inclut une action individuelle sur le salarié, des actions pour améliorer les conditions de travail.
4. Avoir du personnel formé en interne
Pour agir sur les addictions : détection, sensibilisation, programme d’accompagnement, suivi, le site ADDIC’AIDEpro offre beaucoup de contenu
5. Rencontrer le salarié
Un salarié peut se manifester spontanément pour en parler ou lorsque des signes suspects apparaissent, l’employeur doit réagir rapidement :
– Convocation à un entretien formel sur les faits constatés, les impacts sur sa santé et sur l’entreprise
– Écoute bienveillante et sans jugement pour comprendre la situation
– Questions ouvertes sur d’éventuelles difficultés
– Rappel de l’existence d’aides et de la politique de l’entreprise en matière d’addictions
– Proposition d’un suivi médical ou psychologique
Étape 4 : Soutenir et accompagner
Lorsqu’un cas d’addiction est identifié, il est important d’agir rapidement. Dans l’entreprise la première prise en charge consiste à demander une visite médicale par le médecin du travail, qui décidera professionnellement de mesures.
Si l’employé reconnaît son addiction et accepte un accompagnement, l’employeur peut :
– Aménager temporairement le poste de travail
– Accorder des autorisations d’absence pour les rendez-vous médicaux
– Faciliter l’accès de l’employé à un addictologue, partenariat avec des associations locales
– Maintenir un contact bienveillant lors des suivis
– Prévoir un retour progressif sur le lieu de travail
La gestion des rechutes doit faire partie intégrante de l’accompagnement. En mettant en place, un programme de retour progressif au travail, des entretiens réguliers avec RH, infirmier, conseiller en prévention. Le rétablissement est un processus long et difficile. Il est important d’être solidaire et compréhensif.
Étape 5 : travailler sur les conditions de travail
Ce cas a permis d’identifier des situations de travail, des tâches génératrices de pratiques addictives, de stress (ex : grande autonomie, temps contraint), de fatigues (ex : temps de conduite élevé), de charge de travail, de tensions relationnelles, de troubles du sommeil (ex : 3×8, travail en 12h), déséquilibre vie professionnelle et vie personnelle (ex : planning donné la veille pour le lendemain, changement de planning)…
Agir sur les situations de travail permet de salarié en voie de guérison de ne plus être exposé, ce qui facilitera le sevrage à l’addiction.
Les addictions affectent le travail, il faut prendre des mesures pour protéger tous les salariés sur le lieu de travail y compris la victime d’addiction. Comme par exemple : réaffectation de l’employé à un autre poste, l’isoler temporairement, le mettre au repos, lui fournir une formation supplémentaire, prendre des mesures disciplinaires.
Étape 6 : Suivi et évaluation
Un suivi régulier est essentiel pour s’assurer que le salarié progresse afin de lui permettre un retour dans l’emploi dans les meilleures conditions à temps plein.
Le suivi régulier permet de mesurer les progrès et d’évaluer l’efficacité des mesures mises en place, de réajuster si besoin.
En conclusion, la gestion des addictions au travail nécessite une approche proactive et bienveillante, qui fait bien partie du travail. En suivant les étapes présentées dans ce guide, les entreprises peuvent mettre en place des mesures efficaces de prévention, d’intervention et de soutien pour aider leurs employés à surmonter les addictions. Il est important de rappeler que chaque entreprise est unique, et qu’il est donc essentiel d’adapter ces mesures en fonction des besoins spécifiques de votre organisation. Dans l’intérêt de tous, agir le plus tôt possible est primordial.
Je vous réponds :
Peut-on faire des tests salivaires a dectection immediate de produtis stupéfiants en entreprise ?
OUI, si c’est prévu au règlement intérieur de l’entreprise. L’employeur ou son représentant peut réaliser un test salivaire (conseil d’état du 5 décembre 2016, N°394178). Ce test est réservé aux postes présentant un danger pour le salarié ou les personnes qui l’entoure. Il faut strictement respecter les conditions de prélèvement et les résultats sont soumis au secret professionnel.
En résumé :
| Pour les employés | Pour les employeurs |
| – Pensez-vous qu’une dépendance qui affecte votre travail (alcool, drogues, jeux, etc). C’est la première étape pour amorcer un changement. – Parlez en à votre supérieur hiérarchique ou aux RH. Ils ont des ressources pour vous aider (programme d’aide, orientation vers des spécialistes, aménagements du temps de travail, etc). – Respectez la politique de l’entreprise en matière de consommation d’alcool, de drogues, etc. Elle est là pour protéger votre santé et prévenir les risques professionnels – Faites vous aider par des professionnels si nécessaire. Votre santé et votre emploi sont en jeu. N’ayez pas peur de demander de l’aide. | – Ayez une politique claire en matière d’addictions incluant règles et sanctions. En passant par le soutien aux employés aux prises avec une dépendance. – Formez des personnes en interne, pour détecter les signes et intervenir rapidement des apparitions de signaux. – Mettez en place un programme d’aide aux employés : aide individuelle, amélioration des conditions de travail, suivi. – Faites preuve de compassion et donnez une chance à l’employé de se reprendre en main avant d’envisager des sanctions disciplinaires. – Aménagez au besoin le travail, pendant sa thérapie ou réhabilitation, tout en assurant l’équité envers les autres employés. |
Pour vous aider :
le dispositif ESPER pour la prévention des conduites addictives et la promotion de la santé en milieu de travail
le dossier Web INRS
le dossier de l’ANACT : approche pluridisciplinaire
Prev’camp – un dispositif national de prévention des conduites addictives en milieu professionnel
34 recommandations labellisées HAS (Haute Autorité de Santé)
Retrouvez l’intégralité des 34 recommandations HAS https://urls.fr/VHxMi1, et les 4 outils de bonnes pratiques :
- Outil 1 : pour les médecins généralistes, les addictologues et les acteurs de soins primaires : https://urls.fr/kZ88Nw
- Outil 2 : pour les employeurs : https://urls.fr/cFpfLW
- Outil 3 : pour les travailleurs : https://urls.fr/hnGuo5
- Outil 4 : pour les services de prévention et santé au travail : https://urls.fr/XTJKcS

